Fiche de lien Rachel

Je suis arrivée au Crescent Hotel le 19 août 2011. Dylan et moi avions prit le train après le départ de Brandon pour aller voir mon père que je n’avais pas vu depuis longtemps. Seulement j’ai préféré ne pas forcer Dylan à dormir inconfortablement dans le train, préférant qu’il dorme bien dans un lit confortable et ainsi éviter qu’il se blesse au dos ou au cou. C’est comme ça que je me suis retrouvée en enfer. Je ne m’attendais pas à me retrouver prisonnière de ces murs. Je m’attendais à pouvoir repartir le lendemain pour retrouver mon père qui m’attendait patiemment. Seulement je n’y suis jamais allée.
J’ai fait de belles rencontres au Crescent Hotel, des personnes qui ressemblent à mes anciens amis, ceux à qui j’ai cessé de parler parce qu’ils disaient tant de choses déplaisantes au sujet de mon petit ami, Brandon, le père de Dylan. Toutes ces personnes me sont d’une grande aide encore aujourd’hui, et ils ont rendu mon séjour dans cette prison instructif, mais aussi moins difficile.
C’est drôle à quel point tous les liens que j’ai pu tisser dans cet enfer soient majoritairement masculin. Je n’avais jamais réalisé jusqu’à maintenant. En même temps, la plupart d’entre eux sont des personnes qui vivent au premier étage, comme moi, et avec qui Dylan s’est lié d’amitié également, selon lui. J’ai même retissé des liens d’amitié avec un vieil ami qui était sorti de ma vie sans m’en demander la permission. J’ignorais qu’une personne comme lui puisse se faire prendre également. Quand je l’ai vu, j’en étais encore à me dire que j’étais idiote, que ce n’était donc pas anormal que je me retrouve ici. Mais dans mes souvenirs, il a toujours été quelqu’un de brillant, même lorsque nous étions enfants… Il faut croire que je ne suis peut-être pas si idiote que cela après tout…
Tout ce temps passé ici dans cet hôtel m’a donné tout le temps nécessaire pour réfléchir, bien que j’aie encore du mal à rester raisonnable. Mes amis ont tout fait pour me convaincre que je vaux plus que ce que je crois. Je sais qu’ils me pensent complètement sourde et aveuglée par Brandon, mais je ne cesse de leur répéter qu’ils ont tort. Et tout au fond de moi, j’essaie de m’en convaincre. J’ignore comment je réussis à tous les convaincre que je n’ai pas changé ma façon de penser. Je les ai vus se fâcher contre moi à force de m’entendre nier la vérité.
Quelle est cette vérité en fait ? Même moi je m’y perds. Être loin de Brandon pendant autant de temps semble m’avoir fait perdre la raison. Je l’aime, il n’y a aucun doute, seulement est-ce que c’est assez ? Je me surprend à avoir des rêves que je n’avais pas avant, ou que j’ai déjà eu mais que j’ai réprimé pour avoir d’autres rêves, les mêmes que les siens. Quand j’y pense aujourd’hui, je réalise que ses rêves sont devenus les miens, et j’ignore complètement pourquoi.
Et plus j’y pense, plus je souffre, et plus je souffre, plus je souris en faisant semblant que tout va bien, jusqu’à ce que j’éclate en sanglot. Je me sens complètement prise au piège dans ce cycle infernal. Et le pire dans tout ça, c’est que j’ai l’impression d’entrainer les autres qui tiennent à moi dans ma déprime. J’ai beau essayer et essayer, je n’arrive à rien. Je me suis même surprise à essayer de me convaincre que cet hôtel était finalement une chance pour moi de cesser de me faire frapper par Brandon, mais finalement, j’ai réussit à me convaincre que j’avais tort, sans aucune raison. Parce que si on y pense bien, il est vrai que cet hôtel m’a libéré, m’a offert une chance de retrouver la liberté que j’ai perdue après mon accouchement. Cependant, il y a toujours cette petite voix dans ma tête, cette voix qui contredit et étouffe ce que celle dans mon cœur me dit. Elle réussit à me convaincre que Brandon est quelqu’un de bien, qu’il ne m’a apporté que du bonheur et que c’était une chance pour moi de l’avoir, qu’il fasse de moi ce que je suis devenue.
Seulement je me regarde dans le miroir maintenant en me demandant si je suis réellement fière de ce que je suis. Suis-je une bonne mère ? Une bonne amie ? Une bonne petite amie ? Suis-je idiote ? Suis-je intelligente ? Suis-je moche ? Suis-je jolie ? J’ai l’impression de ne plus savoir qui je suis, ni comment je suis. Tout ce que je sais, c’est que je suis une jeune mère qui élève son fils seul depuis son enfermement et qui n’a pas grand-chose dans la tête. Cet endroit est en train de me rendre complètement dingue. Seulement, si on m’offrait la chance de quitter cet hôtel demain matin, je sais trop bien que je prendrais un long moment de réflexion avant d’accepter. Il y a des gens ici que je ne veux absolument pas abandonner…

Je me demande pourquoi c’est si difficile pour moi d’apprécier quelqu’un sans que Brandon ne se fâche. Après tout, ce n’est pas comme si je le trompais, n’est-ce pas ? Me voilà en train de me poser des questions à moi-même, comme si j’allais répondre à ma propre question.

J’ai peur. J’ai constamment peur de faire un faux mouvement, un mauvais choix, entrainer les autres dans ma détresse, dans mon mal, dans mon enfer. Je souffre amèrement sans même m’en rendre compte et je réprime toutes ces émotions. J’ai l’impression d’étouffer, l’impression qu’on m’étrangle et qu’on attend que je meure. J’ai l’impression que si je parle de tout ça à quelqu’un, je risque de le regretter. Je me sens prise au piège, comme si une main retenait ma tête sous l’eau pour me noyer. Et j’ai l’impression que toutes les mains qui se tendent vers moi pour m’aider me sont inaccessibles. Car je sais que tous mes amis dans l’hôtel ne veulent que mon bien. Je sais qu’ils ont devinés ce qui se passait dans ma vie avant d’arriver ici, mais je sais aussi qu’ils ne comprennent pas, ou pas totalement. Il ne semble pas y avoir d’échappatoire pour moi. Je vais probablement continuer de me noyer jusqu’à ce qu’on me lâche enfin, jusqu’à ce qu’on vienne me chercher, jusqu’à ce qu’une main réussisse à m’atteindre pour me sortir de l’eau, jusqu’à ce qu’on vienne me sauver…

Rachel Newman »

I'm so proud of you that it makes me proud of me

Dylan Newman feat. Kristopher/Jasom Simmons Si Dylan n'était pas là, la vie serait bien différente, certes, mais beaucoup moins rose probablement. Pour Rachel, il représente tout ce qu'elle a de parfait, la meilleure chose qu'elle ait pu faire dans sa misérable vie. Après tout ce temps dans l'hôtel, il ne se souvient plus de son père ou ses grands-parents (bien qu'ils aient une photo du père de Rachel), mais Rachel fait son possible pour lui en parler du mieux qu'elle peut. Mais quand vient le moment de lui parler de son père, elle bloque. Elle préfère secrètement et de loin qu'il ait Jules comme idole, comme modèle.

fiche par © anouk